Les agriculteurs qui arrêtent le bio, qui sont-ils ?

Une étude de 6 mois est en cours chez Interbio Occitanie pour tenter de connaitre ces profils, mesurer l’importance du phénomène et apporter des pistes d’amélioration.

Landwirtschaftslehre, Landwirt mit Auszubildendem im Rapsfeld 1

Dans un contexte général marqué par l’inflation et les crises, la filière bio n’est pas épargnée et connaît aujourd’hui un ralentissement de sa croissance. A cela s’ajoute une augmentation des déconversions, c’est-à-dire des agriculteurs qui arrêtent le bio pour continuer leur activité en conventionnel. Face à ces problématiques, Interbio a jugé important de prendre la température des filières bio régionales. Pour cela, une étude a débuté en février dernier s’intéressant aux agriculteurs ayant cessé leur activité bio afin de mieux connaître leurs profils.

La première phase de cette étude a concerné la base de données de l’Agence Bio, qui recense tous les agriculteurs bio ainsi que ceux qui ont arrêté. Dans les chiffres, une augmentation du nombre d’arrêts est visible depuis 2020 mais le nombre de nouveaux est toujours plus élevé. On ne retrouve pas le phénomène de déconversions massives ressenti sur le terrain: le nombre total d’agriculteurs bio en Occitanie continue d’augmenter. L’étude de ces données a aussi permis de repérer les filières qui seront étudiées plus en détail par la suite, en fonction de leur taux de déconversion et de leur importance dans la région (Grandes cultures, Viticulture, Maraîchage, Arboriculture, Élevage bovin).

La deuxième phase est la phase terrain. Le but est d’aller à la rencontre de ces agriculteurs qui ont arrêté le bio pour chercher à connaître les motivations qui les ont poussés à prendre cette décision. En parallèle, avec l’aide de l’Agence Bio, un questionnaire a été diffusé plus largement par mail à tous les agriculteurs d’Occitanie arrêtés depuis 2018. Les résultats de ce questionnaire vont servir de base de travail pour dresser des profils types, conforter les résultats des entretiens et pourquoi pas explorer de nouvelles pistes. Les entretiens, quant à eux, permettront d’obtenir des informations plus détaillées et d’identifier les différents enjeux d’accompagnement qui pourraient venir consolider les filières bio régionales.

Les premiers résultats ne permettent pas de tirer des conclusions mais pour l’instant, la majorité des agriculteurs conservent certaines pratiques du bio après leur déconversion. Il ne s’agit pas d’un changement radical de mode de production. Dans les principales raisons d’arrêts, on retrouve des raisons financières et techniques. La décision d’arrêter le bio est souvent le résultat d’une accumulation de difficultés rencontrées. Il faudra étudier si ces tendances se vérifient avec les entretiens suivants. La fin de l’enquête est programmée pour fin juillet.

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